Endoscopy 2007; 39 - A37
DOI: 10.1055/s-2007-974255

Impact du dépistage organisé du cancer colorectal par Hemoccult sur l'activité de coloscopie

B Denis 1, EA Sauleau 2, P Lalanne 3, D Camara 4, M Poupon 5, M Schmitt 4, I Gendre 1, P Perrin 1
  • 1Colmar – FRANCE
  • 2Mulhouse – FRANCE
  • 3Laval – FRANCE
  • 4Strasbourg – FRANCE
  • 5Nantes – FRANCE

Introduction

Le dépistage organisé (DO) du cancer du colon va être étendu à toute la France. But: évaluer l'impact du DO par Hemoccult® sur l'activité de coloscopie (C).

Patients et Méthodes

Les données PMSI des C des établissements de soins de 2départements X et Y sièges d'un DO (taux de participation >50%) étaient comparées entre les périodes avant (2000 à 2003) et après DO (2004 et 2005) ainsi qu'avec celles de 2départements voisins X' et Y', sans DO (régression linéaire multivariée et comparaison de pentes). De plus, les données de toutes les C réalisées dans le département X étaient colligées prospectivement au cours de trois périodes, l'une de 4 semaines avant DO et deux de 5 et 4 semaines après DO.

Résultats

Les C induites par le DO représentaient 10,6% et 9% des C des départements X et Y, soit une moyenne de 2,8 (0,06–6,5) et 4,5 C par mois par gastroentérologue. Les données PMSI montraient que la progression annuelle du nombre de C n'était pas modifiée par le DO (la plus forte différence de progression relevée n'était pas significative: +2,3% par an avant et +8,3% après DO). La proportion des hommes et des 50–75 ans avait tendance à augmenter dans les 4départements (au détriment des <50 ans), sans différence significative selon qu'il y ait DO ou non. Les taux atteints en 2005 dans le département X étaient: hommes (48,1%), 50–75 ans (63,7%) et <50 ans (22,8%). La proportion des C avec polypectomie augmentait significativement dans les départements avec DO, atteignant 28,1% en 2005 dans le département Y. Les 3 enquêtes colligeaient 940 C réalisées avant DO et 1702 C après. Quatre vingt seize pour cent étaient réalisées en établissements de soins. Le taux de patients vierges de toute exploration colique antérieure n'augmentait pas après DO (54,7% avant, 48,7% après). Les C pour dépistage augmentaient significativement de 20,4% à 31,4% après DO (p<0,01), principalement au détriment des C pour douleur et/ou troubles du transit (de 31,7% à 22,5%, p<0,01) sans modification des C de surveillance (16,8% et 18,8%). Les C de dépistage augmentaient chez les personnes à risque moyen (de 6,8% à 13,9%) et à risque faiblement élevé (antécédent familial au 1er degré après 60 ans ou au 2ème degré) (de 8,9% à 14,9%) (p<0,01), mais pas chez celles à risque élevé et très élevé (de 4,7% à 5,9%). Les C de dépistage à la demande d'une personne à risque moyen restaient stables (2,9% et 3,1%). Le taux de C normales ou avec diverticulose non compliquée ne variait pas (65% et 62,5%) par contre le taux de C avec lésions néoplasiques avancées (cancer ou adénome avancé) augmentait significativement de 10,7% à 17,9% (p<0,01). Le taux de mucosectomies ne variait pas: 8,7% et 11,2%.

Conclusion

Le DO par Hemoccult® n'induit pas d'augmentation de la proportion de nouveaux patients ni d'augmentation immédiate de l'activité de coloscopie. Il modifie la répartition des indications en augmentant la proportion des coloscopies de dépistage (seulement chez les personnes à risque moyen ou faiblement élevé) au détriment des coloscopies pour troubles fonctionnels. Enfin, il augmente le rendement diagnostique et la proportion de coloscopies avec polypectomie, ce qui induira une augmentation différée des coloscopies de surveillance.