Endoscopy 2011; 43 - P_230
DOI: 10.1055/s-0031-1273139

Traitement endoscopique des tumeurs endocrines duodénales: résultats d'une étude rétrospective monocentrique

R Gincul 1, T Walter 1, V Lepilliez 1, V Hervieu 1, JC Saurin 1, B Napoléon 1, JC Souquet 1, M Adham 1, C Partensky 1, J Dumortier 1, C Lombard-Bohas 1, JA Chayvialle 1, JY Scoazec 1, T Ponchon 1
  • 1Lyon

Introduction: Les tumeurs endocrines (TE) duodéno-jéjunales proximales sont rares. En dehors de syndromes génétiques spécifiques, la découverte de ces tumeurs est souvent fortuite, lors d'une endoscopie digestive haute. Leur traitement dépend du grade histologique, et du statut ganglionnaire echoendoscopique ou par imagerie radiologique. En cas de volumineuse tumeur ou de présence de métastases ganglionnaires, un traitement chirurgical carcinologique doit être proposé. Dans le cas contraire, un traitement endoscopique peut être discuté. Le but de l'étude a été d'évaluer les résultats du traitement endoscopique des TE duodéno-jéjunales proximales.

Patients et Méthodes: Tous les patients présentant une TE de localisation duodéno-jéjunale proximale, ayant bénéficié d'un traitement endoscopique entre 1996 et 2010 dans notre centre.

Résultats: 15 patients, 9 hommes et 6 femmes, âge moyen 65,5 (34–76) ont été inclus, présentant un total de dix-huit lésions (3 patients présentaient 2lésions synchrones). Dans tous les cas, il s'agissait de lésions sporadiques, sans argument pour un syndrome génétique. Ces lésions étaient localisées au niveau du bulbe (n=13), du genu inférius (n=2) et du D2 (n=1). La taille moyenne de la lésion était de 9,8mm (3–20). Une échoendoscopie a été réalisée chez 14 patients et les lésions étaient classées uT1N0. L'octréoscanner a été réalisé chez 14 patients, négatif dans 13 cas, positif dans 1 cas (fixation duodénale). Le traitement endoscopique consistait en une résection à l'anse, à l'aide d'un capuchon dans 6 cas, précédé d'une injection sous-muqueuse dans 7 cas. La résection de 17lésions a été réalisée en monobloc et dans 1 cas en peace-meal. Dans tous les cas, il s'agissait de tumeurs endocrines bien différenciées envahissant la sous-muqueuse, de grade histologique 1. Cinq tumeurs exprimaient la somatostatine, 7 la gastrine. La morbidité a été de 33% (5/15). Trois patients ont présenté une hémorragie, traitée par endoscopie dans 2 cas. Après arrêt de l'hémorragie, un décès est survenu à J3 par CIVD chez un patient présentant des troubles d'hémostase (héparinothérapie pour valvulopathie mitrale; IRC dialysé). Deux patients ont eu une perforation, traitée chirurgicalement dans 1 cas. Chez 10 patients, la résection était incomplète en profondeur et/ou latéralement. Seuls 3 patients ont eu un traitement complémentaire par chirurgie de type DPC (n=2) ou duodenectomie (n=1). Il n'y avait pas de résidu tumoral sur la pièce chirurgicale dans les 3 cas, des métastases ganglionnaires ont été mis en évidence dans 2 cas. Trois patients sont décédés de pathologies intercurrentes à M68, M14 et M72. Chez les 8 autres patients, la médiane de suivi est de 25 mois (2–120), sans évidence d'évolutivité.

Conclusion: Compte tenu des résultats satisfaisants du suivi, le traitement endoscopique peut être considéré comme une alternative à la chirurgie, en fonction du terrain. Les deux problèmes sont la morbidité élevée et la difficulté d'obtenir une pièce R0 sur le plan histologique. La technique est à faire évoluer (dissection sous muqueuse?).